le 10 janvier 2015
Manier le stylo. Brandir l’épée. Arrêter les voitures.
J’y ai cru pour longtemps, pas seulement dans le vieil adage que « le
stylo est plus puissant que l’épée. » Ecrivain et médecin, un de mes plus grands espoirs et joies dans
l’acquisition de mon doctorat était la foie dans le pouvoir et le respect qui
vient avec, pour le meilleur ou pour le pire, méritée ou pas, d’être défenseur
a haute voix, et d’avoir mes écrits publiés.
J’utilise « écrivain » dans le sens de « quelqu’un pour qui
l’acte d’écrire n’est pan une option ; quelqu’un pour qui l’écriture est
aussi nécessaire a la vie que l’oxygène. » J’utilise « médecin »
non seulement dans le sens du médecin traditionnel, celui qui s’occupe du corps
et de l’humain, mais dans le signifiant originel en Latin, « doceo,
docere » - enseigner. »
Pratiquement chaque phrase et chaque paragraphe ici commence avec
« je. » Il y’a aussi, maintenant, « Je suis Charlie, » dans
tout ce que cela représente, pour la croyance et l’incrédulité envers les
attentats récents a Paris contre la liberté de l’expression.
Récemment, je me suis sentie malade, paralysée, pousse a agir par moment et
par tour autour des morts d’Ebola, les inégalités en Afrique et dans les systèmes
de sante en Afrique, la préjudice, la haine, et la peur de ceux d’origine
Africaine vivant aux Etats-Unis, la focalisation sur quelques malades dans un
pays où on peut s’occuper d’eux, contre mille et des milliers dans des pays où
les infrastructures neuves et fragiles sont en train d’être détruites ; par les
injustices perpétrées par le racisme institutionnel à travers le pays et,
plus poignant pour moi, à New York, dans un système dans lequel je,
et les médecins en général, tout le monde qui fait partie de l’hiérarchie est
impliqué, où je impuissante, comme médecin généraliste/des soins primaires,
offre des vaccins contre la grippe et d’autres mesures préventifs à mes
patients qui, dans le sud du Bronx, ont plus de chance d’aller en prison que
d’aller à l’université, qui pourraient être arrêtés dans la rue sur la base de
rien, qui ont peur et qui font peur, injustement, chaque jour.
Voilà la santé publique.
Il y a la peur, le souci, la faiblesse sans défense parce
que mes amis en Afrique ont une plus haute chance de mourir car, que cela, ils
ont une plus haute chance de mourir, et dans deux ans et demi j’ai participé à
un nombre impossible de deuils, y parmi ceux des enfants, auxquels j’ai jamais
participé aux Etats-Unis.
Il y a la colère, l’indignation, le besoin de raconter
quand un des patients a presque perdu la vie à cause de sa compagnie
d’assurance santé et à cause du non-existence d’un système de santé organisé et
national aux Etats-Unis, le manque de croyance générale dans la santé et les
soins de santé comme un droit humain (mon article est en progrès, et après le
dépôt de mon article en progrès). Il est le premier patient auquel j’ai demandé
la permission d’écrire un article sur son histoire, un patient que je connais
bien, et il veut que je publie son histoire, pour que les autres puissent
savoir, pour essayer que cela n’arrive pas à personne d’autre. C’était une des
meilleurs rendez-vous que nous n’avions jamais eu.
Souvent, je regarde les infos dans les chambres des patients
hospitalisés. Nous en parlions. C’est quand je suis auprès des télés. Dans les
unités de soins intensifs, ces patients peuvent être dans le coma, sous
sédatifs, intubés.
J’ai regardé les événements à Paris, quelques uns, se
dérouler dans une de ces chambres. Le patient était peut-être mourant ; un
patient qu’on a reçu la semaine avant dans de conditions similaires est décédé.
Parce que l’hôpital n’a pas la capacité qu’il devrait pour autant de patients
avec cette acuité de maladie, à cause des systèmes, parce que le Bronx a un des
taux plus élevé de maladie que j’ai jamais vu aux Etats-Unis, il n’avait pas
reçu un niveau adéquat de soins pour les deux jours depuis que son cœur s’est
arrêté et qu’il s’est remis à battre. Je connais très peu sur lui, pas plus que
ce qui contient les notes courtes. Je sais qu’il a immigré à un moment de
quelque part, je sais qu’il parle principalement espagnole, et je peux imaginer
qu’à cause de l’insuffisance des traducteurs (pourtant, il y a des téléphones
avec services de traduction partout), peu de temps, et parfois un manque de
valeur placée sur la communication avec les patients et leurs familles dans des
langages qu’ils comprennent, il n’a probablement pas reçu les meilleurs soins
ou une explication de sa condition. Il a, apparemment, un médecin
primaire ; c’est un peu chanceux (et ça ne devrait pas l’être). Il a pu
avoir une procédure pour ouvrir les artères bloquées dans son cœur, c’est aussi
chanceux.
Alors j’étais debout derrière la tête de son lit,
j’augmentais son niveau de sédatifs parce qu’il commençait à nous résister dans
le placement d’une ligne dans la veine la plus grande don son cou, pour lui
donner les médicaments ce dont il avait besoin pour soutenir sa tension
artérielle au point de circuler le sang
et l’oxygène à son cerveau et au reste de son corps. Ce n’est pas seulement
parce que Paris, c’est en partie le chez moi (vrai), ou parce que j’y étais il
y a deux mois (aussi vrai), ou parce que tant de gens que j’aiment tellement y
sont, mais je me sentais plus malade et focalisée sur cela, la peur de la mort
minime comparée à la peur et à l’horreur de la violence contre l’écriture et
contre les écrivains, que par la douleur que j’infligeais à un être humain pour
« son propre bien, » la nécessité, pour la maladie avec grande
contribution des inégalités sociales.
Tout cela serait silencieux, pas connu, si on ne pouvait
pas en écrire. Il y a la télé maintenant, l’internet, les médias sociales et le
printemps Arabe. Il y a le filme caché des théâtres à cause des menaces
politiques. Mais en première place, au début (et oui, une photo peut valoir
mille mots), il y a les écrivains, il y a les stylos, il y a la trouvaille de
l’expression exacte de quelque chose qui n’est pas pour et par une personne
mais qui est pour et par la collective.
Platon a exclu les poètes de la République. Ils étaient
trop dangereux.
Ce n’est pas seulement qu’ils étaient écrivains et
artistes. C’est qu’un rendez-vous éditoriale à été ciblé (et quoi plus prouve
le pouvoir des mots ?) En France, où la satire politique fait tellement
partie de la culture. Ce n’est pas tous les pays qui déclareraient une journée
nationale de deuil pour des journalistes.
Avec tout ce qui est mal, injuste, terrifiant et presque
ne pas à croire dans le monde (qu’est-ce qu’il y a d’autre dans les
infos ?), la partie la plus signifiante, ce que je personnellement (et
tout le monde fait de cela le personnel. La liberté de la parole, la liberté de
l’expression n’est pas seulement un droit des populations mais un droit humain
et personnel accordé—ou que ça devrait l’être—à chaque individu—Je suis
Charlie) veux faire une grande partie de ma vie, c’est d’en écrire. Il y a
l’arrogance dans cela aussi, dans le besoin et le souhait d’être publié. Et
connu. Mais en vérité, c’est accéder à la connaissance collective. Au moins, c’est
ça, la poésie. Un attaque sur les écrivains, c’est non seulement une attaque
sur les écrivains mais sur chacun avec une bouche, une langue, une oreille.
Au Cameroun, j’en connais qui ont peur de parler de la
politique dans les taxis. Le jour des présidentielles camerounaises en 2007,
mes amis m’ont défendu de quitter ma maison pour la peur de ce que je verrais
et de ce qui, potentiellement, pourrait m’arriver. La même année, j’ai passé
six mois à naviguer la bureaucratie de l’Ambassade de France pour m’inscrire
aux listes électorales. J’ai voyagé (quatre fois) deux cent bornes en quatorze
heures pour voter. Aux Etats-Unis, j’ai fait de la campagne politique pour
chaque élection depuis l’an 2000. Et je suis énormément reconnaissante de l’accident
chanceux de ma naissance qui m’a donné deux passeports dans deux pays qui
soutiennent, qui protègent (à priori) le droit de parler et d’écrire librement.
Ces événements, ces attaques, ces actes ne devraient pas se passer dans mon
premier, mon pays natale et ma première langue, ou dans le pays duquel je viens
aussi et où j’ai passé la majorité de ma vie.
Il n’y a rien d’autre à dire, il n’y a rien d’autre à
écrire que de parler. Et d’écrire.
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