Toutes les opinions représentées
ci-dessous sont les miennes et ne représentent pas Médecins Sans Frontières.
République Démocratique du Congo
"AFYA!" "KWA WOTE!"
"AFYA!" "KWA WOTE!"
Cette semaine, je voulais écrire de la vie. Alors je commence avec ma chose
préférée liée à la santé au Congo. Chaque réunion dans le cadre de la santé à
laquelle j'ai assisté, chaque groupe de support, chaque fois que quelqu'un
parle il commence et termine avec "AFYA!" (santé), et le groupe
répond "KWA WOTE!" (pour tout le monde). Il y a une énergie incroyable
dedans. C'est facile de se sentir membre du group, impliqué. Et cela ajoute à mon
Kiswahili très rudimentaire (sans le Kiswhaili...c'est impossible à parler aux
patients. Peu après "Bonjour" et "Comment ça va?"). Y
inclus le groupe des PVV (Personnes Vivant avec le VIH) qui font la recherche
sur le terrain des patients qui sont "perdus de vue" (ont manqué les
rendez-vous pour plus de deux mois). Pour les patients qui sont nouvellement
diagnostiqués avec le VIH, ils les accompagnent chez eux. Quel mot complexe.
Nous sommes en train de discuter les plans pour la Journée Mondiale du SIDA (le
1er décembre) et ils créent des pièces de théâtre, écrivent des chansons, il y
aura de la danse...apparemment, "karaoke" veut dire simplement un
groupe de musiciens avec instruments. Je dois admettre que j'étais très décçue
par la (à mes oreilles) fausse cognate. (Il y a au moins une chanson congolaise
que je pourrais faire, déjà...la plupart des paroles sont "Sawa
Sawa", ou, "Ça va, Ça va").
Il y a de la vie, ici.
Je n'ai pas besoin de mentionner le bébé de trois mois qui est décédée
pendant ma consultation (en détresse respiratoire très apparente, des
complication du SIDA probable). Ou comment le SIDA pédiatrique est la première
chose que j'ai appris à diagnostiquer en 2005, huit
ans avant que je ne devienne officiellement médecin.
Ça fait longtemps.
La transmission du VIH de la mère au bébé, pendant la grossesse, pendant
l'accouchement et la naissance, et pendant l'allaitement (ou, la plupart du
temps, pas) est quelque chose qu'on a appris à et peut prévenir. La plupart du
temps. Conditions permettantes. Une partie, c'est que, ici, non seulement est
le lait artificiel cher, non seulement entraine-t-il la stigmatisation parce
qu'on présume que tu as le VIH, mais l'accès à l'eau propre est tellement
difficile et précaire qu'il est actuellement plus prudent de prendre le risque
de la transmission du VIH que de prendre le risque de donner à un bébé le lait
artificiel mélangé avec de l'eau. Recommendation officielle de l'OMS
(Organizatione Mondiale de la Santé). Ça, aussi, c'est quelque chose que j'ai
appris en 2005. Et ça n'a pas changé.
En ce moment, je n'écris pas de cela. Parce que les patients avant et après
le bébé allaient bien. Des plaintes que j'aurais facilement pu entendre dans le
Bronx, ou n'importe où. "J'avais mal à l'estomac après avoir mangé les
feuilles de manioc, et beacoup de démangeaisons." "C'était quand?"
"Il y a une semaine." "Et maintenant, c'est comment?"
"C'est parti." Un autre patient à reçu la hydrocortisone (ou, j'ai
écrit l'ordonnance, et il l'aurait eu si c'était en stock) pour l'eczéma. Au
centre de santé le plus éloignée et rurale ou on travail actuellement, j'ai vu
les patients les plus stables que j'ai rencontré dans deux semaines.
Il n'y avait pas le temps de pleurer le bébé. Je voulais une minute, ou
cinq, ou cinquante. Mais mon collègue est rentré avec un autre patient
immédiatement, me donnant son dossier. Et ainsi ça se passe. Avant qu'elle soit
décédée, on avait décidé de l'évacuer avec nous, à l'hôpital...pas de moyen de
traiter le détresse respiratoire en
brousse. Il y aurait au moins de l'oxygène et plus d'antibiotiques à
l'hôpital. Il est possible que je tenais sa tête (trois mois, ne pouvais pas
tenir sa tête, pesée moins de 4 kilos) pendant son décès; j'aidais sa mère à
l'habiller après le déshabillement pour la balance. Mon rôle n'au aucune
importance.
Je sais reconnaitre la mort dit "active."* Mais cette semaine, il
paraît que j'ai décidé d'oublier ces connaissances durement acquises. Espérant
que je pouvais aider...quelqu'un. Dans deux semaines à mon poste, quatre de mes
patients sont morts (au moins. Deux autres, je suspect pourrais l'être/ le
pourrais être bientôt, mais ils ont quitté l'hôpital "Contre Avis
Médicale"). Pendant ma première année de résidence, la première partie,
les patients en phase active de mourir étaient ceux que j'allais voir le plus
souvent et avec le plus d'anxiété. Mais je faisais la même chose pour les
patients en phase "passive" de mourir, avant que je pouvais
reconnaître la différence. Et il y a
toujours des surprises.
*termes médicales traduits directement de l'anglais
La mort passive. Le travail (de l'accouchement) passif. La mort active. Le
travail actif. On quitte se monde dans l'ordre qu'on l'est entré.
Cette semaine, je vais toujours essayer de terminer avec la vie. Je quitte
ce poste demain pour mon deuxième (...je reviens dans deux semaines). Mes
collègues ici -- et par cela, je veux dire en plus part mes collègues
congolais/staff nationale, or >90% de MSF -- sont incroyables. C'est avec
eux que je passe la journée; quelque fois avec une autre ex-pat, mais nous
avons des postes différents. C'est eux qui assurent le fonctionnement de MSF.
Quelques uns sont là, ont été là, pendant la vie entière du projet (pour
celui-là en particulier, 6 ans). Un de mes proches collègues a travaillé avec
MSF depuis 2002, c'est-à-dire pour la majorité de sa carrière. Les ex-pats
viennent et partent, avec l'espoir de contribuer quelque chose(s), ajouter à la
direction du projet, renforcer les capacités, physiquement et personnellement
aider avec des interventions, voir des patients, etc. Mais en RDC -- (et je
présume que c'est le même dans les autres pays MSF, mais à présent, je ne
connais que celui-là), la vraie face, main-d'œuvre, et énergie de MSF est
congolais. Je suis ici pour travailler. Mais je vais apprendre, je vais
actuellement acquérir, beaucoup, beaucoup plus que je ne pourrais jamais faire.
Et ça, aussi, c'est quelque chose que je connais depuis 2005 et mes premières
semaines au Cameroun.
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